Grande distribution : les chiffres de l’agriculture biologique
La Fondation pour la nature et l’homme a étudié les stratégies de vente de produits issus de l’agriculture biologique de huit distributeurs. Elle demande aux pouvoirs publics de fixer légalement l’objectif de 12 % des ventes alimentaires en bio en 2030.
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« Les enseignes de la grande distribution ne sont pas à la hauteur en termes de promotion de l’agriculture biologique », constate Thomas Uthayakumar, directeur des programmes et du plaidoyer de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH). Un constat dressé après l’étude des stratégies de vente de produits bio de huit enseignes qui représentent à elles seules près de 60 % des ventes de produits alimentaires en France.
Seuls cinq des huit distributeurs se sont prêtés au jeu des entretiens avec la FNH : Carrefour, Coopérative U, Lidl, Les mousquetaires/Intermarché et Casino/Monoprix. Leclerc a décliné la proposition, tandis qu’Auchan et Aldi n’ont pas répondu aux sollicitations.
Recul de l’offre de 7 %
« Le bio est sorti de la feuille de route des enseignes, souligne Marie Rapaud, chargée de mission alimentation durable pour la FNH. Plus aucune n’affiche d’objectif chiffré sur les ventes en bio. » Le label AB est dorénavant « dilué » dans des stratégies plus globales de ventes de produits durables.
La part d’offre bio s’élève en moyenne à 6 % dans la grande distribution. Dans les rayons, le déréférencement se poursuit de façon plus ou moins forte selon les enseignes : entre 2022 et 2023, le nombre de références bio a chuté entre 7 et 25 %, avant de reculer une nouvelle fois de 7 % sur les trois premiers semestres de 2024.
Écart de prix supérieur à 70 %
Alors que Carrefour est revenu à l’implantation de rayon spécifiquement bio, certains distributeurs ont décidé d’implanter l’offre bio dans les rayons conventionnels. « À côté d’un produit conventionnel, le prix est un facteur déterminant », souligne Marie Rapaud. Trois enseignes affichent des écarts de prix supérieurs à 70 % entre produit conventionnel et produit biologique, là où d’autres enseignes, comme Lidl, affichent un écart inférieur à 60 %.
Seuls trois distributeurs sur huit ont relayé la campagne BioReflexe développée par l’Agence bio en 2023. « Les distributeurs ne semblent pas avoir l’intention d’exercer leur pouvoir d’influence en faveur de l’agriculture biologique », note la FNH. La part des investissements média consacrés à la bio s’élève à 3 % en 2021. Seul Carrefour a engagé plus de 5 % de ses investissements média au bio.
12 % de ventes en 2030
« Le pouvoir d’influence médiatique et publicitaire de la distribution est massif, écrit la FNH. C’est là que réside l’un de ses principaux leviers pour l’évolution des comportements alimentaires. »
La FNH demande que soit inscrit dans la future loi Egalim l’objectif de 12 % de bio dans le chiffre d’affaires des distributeurs à l’horizon de 2030 (contre 6 % en moyenne aujourd’hui). Une condition sine qua non, selon la FNH, pour sécuriser les producteurs en amont. « Il faut renouer avec l’amont des filières, justifie Thomas Uthayakumar. Il faut développer des engagements tripartites sur les filières bio et fixer entre producteurs, transformateurs et distributeurs un prix, une durée et un volume. »
La FNH prévoit d’autres études au sujet des marges réalisées sur les produits bio. Elle entend encadrer celles-ci et donner plus de mandats à l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM).
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